La fureur des siècles
EAN13
9782375792544
Éditeur
Critic
Date de publication
Collection
SF
Langue
français
Langue d'origine
français
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La fureur des siècles

Critic

Sf

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Quinzième siècle. Léonard de Vinci, alors au service du roi de France François
Ier, conçoit une machine prodigieuse : des brumes qui émanent de ses rouages
surgissent d’autres temps ou peut-être, d’autres mondes. Tous ceux qui
respirent cette fumée funeste sont transformés. Certains deviennent autres
tout en restant les mêmes, inconscients des changements survenus dans leur
environnement, d’autres disparaissent corps et biens, effacés de la trame par
les règles inédites de la causalité. Le jeune clerc Reginus est enlevé par une
bande de mercenaires menée par le duc Sforza. Leur mission : voler la machine
de Léonard et la ramener aux princes italiens. Si les brumes furieuses, qui
sévissent en Savoie, gagnaient l’Italie, le pays ne s’en relèverait pas. Pour
cela, ils devront traverser la furia et qui sait combien d’époques barbares:
le garçon, passionné d’histoire et à la mémoire prodigieuse, les guidera au
travers des époques. Ainsi commence le voyage de Reginus. Il apprend à
connaître les trois mercenaires, Kostas, Le Turc et Malamorte, Sforza et sa
mystérieuse nièce, qui maîtrise les secrets des plantes et ne répond qu’au nom
de « l’Ombre ». Lors d’une confrontation avec des soldats d’une autre
temporalité, Kostas meurt. Sforza se révèle ensuite ne pas être à la solde des
Italiens mais des Français, et ne pas être le Sforza de cette réalité mais son
sosie venu d’un autre temps. Le but de sa mission était en fait d’apporter
Reginus au chevalier de Bayard. Cependant, une fois arrivés au château de
Bayard où est gardée la machine de Léonard, Le Turc et Malamorte décident
d’éliminer Sforza, convaincus de sa culpabilité dans la mort de leur ami, et
de livrer eux-mêmes Reginus à Léonard tout en volant la machine pour la
revendre au seigneur voisin, le Connétable de Bourbon, rival de François Ier,
chez qui ils espèrent trouver refuge après avoir trahi Bayard. Celui-ci ne
leur serait guère accueillant et cette déconvenue, mêlée d’un drame
sentimental, poussera Malamorte à détruire la machine. Détraquée et gorgée du
sang du Turc blessé dans la bataille, elle transportera la petite troupe dans
un al-Andalus rêvé. Le repos de ce petit paradis ne durera pas : Sforza et
Bayard, pas si morts, s’y infiltrent et incendient la ville, forçant la troupe
à fuir. Reginus, l’Ombre et Malamorte, seuls rescapés, rejoignent la demeure
du Léonard de Vinci de ce monde. Le créateur de la furia la connaît dans
toutes ses temporalités et tous ses univers, et révèle enfin à Reginus
pourquoi il a été enlevé : il est le fils de Léonard et en tant que tel,
destiné à opérer la machine et permettre à Léonard de vivre éternellement…
Alors que Reginus est prêt à succomber à la sensation de voyage entre les
mondes, Malamorte brise à nouveau l’appareil, guidé par l’Ombre. Il tue
Léonard et Reginus opère la Machine – l’Horlogium Mundi – afin de retrouver
une réalité sans furia – la nôtre. \------ Extraits :« Crois en la sincérité
de celui qui aura pris la plume à l’orée de sa vie pour te livrer bien plus
que ses confessions : la révélation des origines de ton monde. » « Il se
nommait François, premier du nom, était presque un géant, et le début de son
règne signa le grand bouleversement des âges, autrement dénommé la Fureur des
Siècles, ou plus simplement furia. » « Tout autre que Léonard aurait capitulé
sans condition aussitôt confronté à l’envers vertigineux du monde, ses secrets
fabuleux de fabrication, comme autant de plans tracés de la main même de Dieu.
Au bout du long chemin tortueux, parcouru pas à pas durant l’éternité contenue
dans une unique seconde, répétée à l’envi, il découvrit ce que les sages, les
saints ou les illuminés mettent parfois toute une vie à seulement effleurer.
Encore fallait-il pouvoir le reproduire et soumettre à sa volonté. » « L’Île-
de-France n’avait jamais si bien portée son nom. Le vieux pays, agrémenté des
duchés et comtés amis, se retrouvait isolé, coupé du reste du monde, entouré
par les flots vaporeux d’une mer éthérée dont le calme n’était qu’illusoire.
La furia bouillonnait en eux, révélant des pages insoupçonnées du grand livre
de l’Histoire. Sur les territoires soumis à son caprice, les hommes et les
femmes connaissaient des destins différents dès lors qu’ils en respiraient le
parfum. Dans l’instant, ils devenaient autres tout en restant les mêmes,
inconscients des changements survenus dans leur environnement. Certains
disparaissaient corps et biens, effacés de la trame par les règles inédites de
la causalité, mais la plupart demeuraient, simplement adaptés aux conditions
nouvelles – hormis le cas d’un trop vaste bouleversement qui aurait éradiqué
les populations, comme dans le monde où la peste sévissait sans répit,
précipitant la fin des civilisations de l’Europe, pour ce qu’on en pouvait
deviner. Du point de vue des habitants de ces contrées divergentes, rien ne
semblait être modifié, car eux suivaient toujours une même voie historique.
Percevaient-ils seulement une perturbation à l’endroit où les brumes
artificielles se levaient ? Léonard en doutait, supposant que les sens
s’altéraient uniquement chez ceux qui pouvaient observer le phénomène à
l’œuvre, en connaissance de cause. Sans quoi, estimait-il à juste titre, on
aurait vu déferler des vagues de voyageurs, curieux ou égarés, l’esprit
tourneboulé, dans les marches du royaume de François. » « Aucun ne veut régner
car aucun n’aime les trônes ou ceux qui s’y asseyent. Non, crois-le si tu
veux, moinillon, c’est pour le peuple que ces démons ont déstabilisé un
continent entier. Pour les plus humbles aussi bien que les riches, tous
considérés comme un. Ils se sont mis en tête des idées de parfaite égalité
telles que Jésus lui-même n’aurait pas osé les répandre dans la Judée ! Si
bien que partout des citoyens s’enorgueillissent d’administrer les biens
confisqués à leurs propriétaires et d’élire les membres des sénats imités de
la Rome antique qui établissent en leur faveur les lois nouvelles. Seulement
la paix ne s’est pas pour autant imposée après l’exil ou l’exécution des
nobles d’autrefois. La république universelle n’est pas moins rancunière ou
âpre au gain que ne l’étaient les princes. Les rivalités d’antan ne se sont
pas effacées comme par magie au prétexte d’un surcroit de liberté accordée à
la plèbe. La guerre continue de secouer les fondations de la vieille Europe,
avec davantage d’intensité même et surtout beaucoup plus d’effets destructeurs
du fait de l’usage des machines que tu as pu voir à l’œuvre durant ton séjour
en Savoie. » « Mais ce ne fut pas ce qui retint l’attention de l’érudit. Des
corps torturés et meurtris par le fer gisaient pêle-mêle dans les allées et
les parterres fleuris. Des morceaux de chair épars y avaient éclos, tels
autant d’immondes bourgeons prenant directement racine dans les cercles des
Enfers. La vision rappela au clerc certaines enluminures qui avaient
défavorablement impressionné sa jeune imagination et nourri plusieurs de ses
cauchemars, quelques années plus tôt. Hagard, il contempla celui qui était
cause de ce carnage sans parvenir à croire à ce que ses yeux lui montraient
pourtant : un chevalier de feu maniant son épée à double tranchant avec une si
redoutable dextérité que le moindre de ses gestes était dévastateur. Reginus
crut d’abord que les flammes enrobaient l’apparition, avant de réaliser qu’il
s’agissait des reflets du brasier sur les pièces admirablement fourbies de
l’armure, dont l’acier rutilant évoquait le mercure des alchimistes. » « —
Bien sûr que non, idiot. Arrête de penser avec les bornes fixées par tes
professeurs de l’université. Leur conception de la nature du monde est comme
la vision que tu as au travers d’un morceau de verre taillé : précise, peut-
être, mais déformée. Surtout, elle t’oblige à concentrer ton attention sur un
fragment infime de la réalité. Or celle-ci ne possède aucune dimension
susceptible de l’enfermer, car ce serait tenter de réduire ce qui ne possède
aucune limite par définition. Elle est la vastitude incarnée, l’infinitude des
possibles, par essence irréductible aux règles d’une seule intelligence, je
parle là des hommes considérés dans leur ensemble… » Né le 23 août 19701 à
Besançon, Johan Hé...
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